Waouw je sais faire des scrollbars colorées !!!
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REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE
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Le lianhuanhua (ou images enchaînées) continue à se développer dans ce qui est devenu la République Populaire de Chine, sa grande période s'étend des années 1940 au milieu des années 1980.
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Les autorités communistes voient l'intérêt de ces petites BD, pour diffuser la propagande de façon efficace.
c'est ainsi que les personnages des récits traditionnels sont remplacés par de nouveaux héros. On ira les chercher parmi ceux qui sont le socle du nouveau régime : les paysans, les ouvriers et les soldats.
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En 1949, des maisons d’édition d’État sont créées. Car il faut éduquer les masses et surtout combattre l'illétrisme.
Tâche délicate dans un monde où pour lire un journal, il faut, dit-on, connaître au moins 2000 idéogrammes. On peut donc comprendre l'intérêt des lianhuanhua abondamment illustrés pour de nombreux Chinois, c’est longtemps leur seule source de divertissement disponible.
En fait, ce que l'on appelle le chinois comprend sept grandes langues parlées, comme le mandarin, le cantonais, le Wu ou le Hakka.
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Les langues sont différentes mais l'écriture est la même. On peut donc se comprendre à travers tout le pays grâce aux idéogrammes. Mais il n'est pas simple de les apprendre et il faut les utiliser régulièrement pour ne pas les oublier.
Des intellectuels conscients de ces difficultés proposent des réformes comme par exemple la “ romanisation “ : La transcription en alphabet latin, comme l'a déjà fait le Vietnam en son temps.
Si le projet de transcription est approuvé le 11 février 1958, le “ pinyin “ n'est adopté qu'en 1979.
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Entre temps le taux d’alphabétisation est passé de 15% en 1949 à 80-90 % au début des années 70, il est trop tard pour remplacer les idéogrammes auxquels les Chinois se montrent attachés. Afin, tout de même, de faciliter l'apprentissage le gouvernement décide de simplifier les idéogrammes eux-mêmes, alors que Taiwan garde les formes traditionnelles.
(Aujourd'hui, les idéogrammes sont menacés par ... les SMS.)
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Les petits livres sont diffusés en masse, vendus ou loués à des prix très bas. Les enfants les lisent et se les prêtent.
Les artistes sont encouragés, c'est pour eux un débouché intéressant qui permet de gagner correctement sa vie et de se faire connaitre, car il n'existe pas encore de marché de l'art.
Le dessinateur Pang Bangben raconte qu'à l'époque une page est payée l'équivalent de 18 euros quand un ouvrier est payé 30 à 40 E par mois.
L'un d'eux, He Youzhi, s’affirme comme un des plus grands maîtres du dessin en Chine.
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Dans les années 50, le gouvernement charge les Éditions des Beaux-arts du peuple de Pékin et de Shanghai de diffuser les lianhuanhua.
Les éditions des Beaux Arts du peuple de Pékin, sort le magazine " Lianhuanhua Bao " en mai 1951, il tire jusqu'à 1 million d'exemplaires dans les années 60.
Il existe encore aujourd'hui, (même s'il publie beaucoup moins : 10 000 exemplaires) Mais on peut citer bien d'autres titres. Zhong Guo Lianhuanhua à Pékin, Kan Tu Shuo Hua A Shanghai, etc.
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De 1950 à 1952, cinq maisons d’édition spécialisées dans les Beaux-Arts sont créées. À Shanghai, Pékin, Tianjin, dans le Hebei et dans le Liaoning. Les bouquinistes sont encouragés à vendre les lianhuanhua. la vente et la location sont d'abord entre les mains de petites entreprises privées. Afin de faire respecter les prescriptions gouvernementales Les municipalités mettent en place les “ wenhuazhan “, salles de lecture gérées par les comités de quartier.
Les auteurs sont groupés en studio, Leurs oeuvres doit refléter la vie et l'histoire de leurs lecteurs, ils parcourent les diverses régions pour se documenter et donner du réalisme à leurs BDs.
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On peut lire des adaptations d’œuvres littéraires, des récits historiques, de pièces de théâtres, des romans classiques : " Les trois royaumes ", " Le voyage vers l'ouest " , ainsi que " Au bord de l'eau ". " Au bord de l'eau " est un des quatre grands classiques de la littérature chinoise.
Venue de la tradition orale et compilée par l'écrivain Shi Nai'an au XIVe siècle, cette saga conte l'histoire de 108 brigands héroïques luttant contre la corruption du gouvernement. Ce grand roman épique raconte une rébellion et avait été rapidement interdit par l'Empereur à son époque.
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En 1951, l’éditeur Jiang Weipu entreprend de l’adapter en bande dessinée, et muscle son équipe : une trentaine de scénaristes adaptateurs, dessinateurs et calligraphes. il prévoit 30 volumes.
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De 1950 à 1957, mille à deux mille titres de Lianhuahua sont publiés chaque année. 21 millions de fascicules en 1952, plus de 100 millions en 1957. Des romans, de la propagande politique sur la lutte révolutionnaire et la construction du socialisme. Mais aussi des ouvrages de vulgarisation scientifique et d'éducations techniques, précisant les nouvelles lois comme la réforme agraire, ou " Hun Yin Fa Tu Jie Tong Su Ben " (La loi sur le mariage en images - 1951).
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Le " mot d’ordre général de lutte révolutionnaire pour la construction du socialisme " est censé présider à toute création artistique. Au fil du temps les préceptes se relâchent, la réalité politique ne va pas tarder à recadrer les oeuvres qui s'en sont écartés. En 1966, des luttes d'influence au sommet de l'état menacent le président Mao.
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Pour garder le pouvoir et se débarrasser de ses ennemis politiques, il embrigade la jeunesse : étudiants, adolescents et même enfants comme " Gardes rouges " dans " la révolution culturelle ". Fanatisés, ils installent rapidement un climat de terreur et de violence.
La culture est également visée, " Du passé faisons table rase " est appliqué à la lettre. Des intellectuels sont traînés à travers les rues, coiffés de bonnets coniques, des pancartes insultantes autour du cou, ils sont humiliés en publics. Les enseignements de Confucius sont attaqués, Des chefs-d'oeuvre de l'art et du patrimoine, des monuments, des statues, des temples, sont vandalisés, même la " Cité interdite " est menacée. Les troupes d'opéra sont dissoutes, des artistes poursuivis, mis sur listes noires et interdits, des livres brulés.
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Dans cette tempête, même les bandes dessinées sont condamnées, la production s'effondre, les librairies et les bibliothèques se vident.
Feng Zikai lui-même, pourtant devenu un artiste officiel, subit insultes et humiliation publique, puis exilé à la campagne pour y être " rééduqué " (il sera réhabilité en 1973 mais ne survivra que deux ans à sa libération.) D'autres auteurs de BD subissent ce même sort et doivent détruire leur travaux. Les adaptations d'opéra sont arrêtées car jugés " réactionnaires ".
C'est ce qui arrive au Chef-d'oeuvre " Au bord de l'eau " dont l'adaptation est alors toujours en cours, la BD est interdite, les planches sont brulées, les dessinateurs ont des ennuis.
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Le pays plonge dans le chaos.
L'armée doit intervenir fin 1967 pour mettre un terme à cette folie, des bombes au napalm seront même utilisées à Wuzhou.
La “ révolution culturelle “ aura fait des centaines de millier de mort.
Chacun son tour, des millions de ces jeunes révoltés sont expédiés à la campagne. La " Bande des quatre " règne et en 1969, la création littéraire doit s'inspirer des " 8 Opéras rèvolutionnaires modèles " huit opéras et ballets autorisés par Jiang Qing " Madame Mao " : " La prise de la montagne du Tigre, Le détachement féminin rouge (ballet présenté à Nixon, pendant son séjour en 1972), la fille aux cheveux blanc (ballet), Le port, le fanal rouge, Shajiabang, Raid sur le régiment du tigre blanc, Ode à la rivière Dragon.
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En 1973, le Lianhuanhua Bao dont la publication avait été interrompue peut reparaître.
Les BD doivent " contribuer positivement à la formation idéologique des lecteurs ". Paraissent donc des récits révolutionnaires ou des histoires traditionnelles bien réécrites dans ce but. De nouvelles maisons d'éditions naissent dans de grandes villes de chaque province. Certains Lianhuanhua sont traduits en langues étrangères à des fins de propagande, on les trouve jusqu'en France dans les foires aux livres ou les librairies maoïstes.
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Après la mort de Mao en 1976, le Lianhuanhua peut respirer, on voit reparaître des genres interdits pendant la révolution culturelle : contes, fictions, fables.
Le Lianhuanhua bao commence à publier régulièrement des récits de politique ou de science-fiction, d’origine chinoise ou tirés d’œuvres étrangères. Les lianhuanhua s’ouvrent à la culture occidentale et l'idée de " Culture révolutionnaire prolétarienne " disparait.
Les Chinois découvrent ainsi Victor Hugo, Alexandre Dumas et Maupassant, ils lisent en BD Les trois Mousquetaires, Notre dame de Paris ou le comte de Monte-Cristo.
Un magazine de spécialistes, (revue théorique sur le Lianhuanhua) est même créé en août 1980 avant d'être remplacé par Lianhuanhua Yishu (L’Art du lianhuanhua).
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Pendant une courte durée, de 1977 à 1979, le lianhuanhua permet même à des intellectuels de faire entendre leurs témoignages douloureux sur la révolution culturelle. C'est ce qu'on appelle la littérature de cicatrice. ( Shang hen wen xue ) Le plus connu et controversé de ces ouvrages est " Feng " (Erable - 1981) publié dans le Lian Huan Hua Bao) qui raconte la tragique histoire d'amour entre deux jeunes de factions politiques rivales
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Mais un nouveau coup va être porté au Lianhuanhua.
1985 le marché de l'art s'ouvre, les artistes peuvent enfin vendre leurs oeuvres et espérer en vivre, ils se détournent de la BD.
Elle décline, comme partout, au fur et à mesure que les lecteurs découvrent d'autres médias et que la télévision (quoi ! encore elle ?) entre dans les foyers . Comme ceux de leur âge à travers le monde, les jeunes chinois découvrent les mangas japonais qui déferlent en traductions pirates. Comme ailleurs à travers le monde, le manga déclenche la méfiance des adultes qui critiquent leur mauvaise influence sur la jeunesse, y voit vulgarité, violence et autres joyeusetés responsables de la délinquance . Mais en 1994, 90 % du marché pour la jeunesse est occupé par le manga.
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1995 - Conscient du danger d'invasion culturelle le gouvernement prend les choses en mains.
Il instaure un "Bureau" chargé du développement de la Bande Dessinée qui va aider à la création de magazine et subventionner des artistes : le " projet 5155 ".
Tâche immense . Des universités spécialisées enseignent l'art de la BD et reçoivent chaque année plus de 40 000 étudiants. Ils se construisent une formation solide et apprennent à maitriser le travail sur ordinateur.
Mais les éditeurs sont encore dirigés par l'état et lui doivent des comptes.
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Les librairies indépendantes existent depuis peu et des étrangers peuvent en ouvrir, la distribution doit encore se structurer pour être efficace. Le graphisme évolue, l'influence occidentale se voit dans l'apparition des cases à bords perdues ou le redécoupage des planches. Pour pouvoir être publiés sans connaître la censure, les auteurs chinois doivent travailler avec l'étranger.
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Petit à petit on découvre de nouveaux auteurs avec le premier magazine spécialisé dans ces nouvelles BD " Comic’s King " en 1994 comme Hu Rong ou Yao Fei La.
- Yan Kai avec " "Xue Ye " une jeune fille voyage dans le temps pour sauver le monde. - "My Way" de Jidy vise un public féminin avec des histoires d'amour. - Weng Ziyang s'inspire de la littérature classique ("Les nouveaux héros des trois royaumes"). et teste le surréalisme. - Huang Jiawei travaille au crayon et propose de la SF dans "Yasan" . - "Silent Raimbow" de Rainbow Ruan Yunting aux couleurs douces. Et bien sûr, Benjamin (Zhang Bin) dont on commence à connaitre en France le délicat travail sur ordinateur.
Mais le manhua est encore mal perçue et les artiste ont du mal à s'imposer.
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