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BD DE CHINE(S)

BD calines ?

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          La Chine est un immense pays à la civilisation millénaire, mais si nous connaissons bien aujourd'hui le manga japonais, que savons nous des bd  chinoises ?
                                                      C'est pourtant une histoire longue de plusieurs siècles.

gravure

          Les premières images illustrent les romans sous la dynastie des Tang (618-907) elles sont imprimées grâce à des tablettes de bois gravées.
          La dynastie des Song (960-1279) qui est la premiere à émettre des billet de banques et à utiliser la poudre à canon connait un boum économique et une forte croissance démogaphique.
La vie sociale et culturelle y est importante et permet le développement d'histoires reliées en volumes destinés à d'avides lecteurs.
          Ce sont les " Shan tu xia wen " (en haut l'image, en dessous le texte), car comme son nom l'indique chaque page de texte est accompagnée d'un dessin.

          Deux traités en 1843 et 1844  (parmi ceux qu'on nomme traités inégaux) donnent le droit à des nations étrangères  de s'établir sur le territoire chinois : c'est le début des " Concessions " à Shangaï.
          La ville devient un lieu d'échange entre la Chine longtemps fermée et le reste du monde.
Des journaux en langues étrangère s'adressent aux résidents, on installe les premières rotatives qui permettent la reproduction des gravures en grande quantité et rendent possible le développement de la presse populaire. 
          Ces journaux trouvent rapidement de nouveaux lecteurs (et auteurs) chez les Chinois éduqués qui veulent échapper à la censure impériale.

Shangai puck
rattle 1896

          L'hebdomadaire satirique britannique " Punch " (publié entre 1841 et 1992) se décline partout où brille le soleil de l'Empire Britannique c'est ainsi que le "The Punch China"  (Hong Kong, 1867-1868 et 1872-1876), voit le jour.
           Il ne restera pas seul, on peut citer également Puck ou le Charivari de Shanghai (Shanghai, 1871-1872), The Rattle (Shanghai1896) et  le Shanghai Puck bilingue (1918).
          Ils sont illustrés de dessins d'humour ou de caricatures.

punch2

        En 1884 le quotidien Shenbao publie un supplément " Magazine du Studio de la pierre gravée  " .
A sa disparition en 1898 il aura publié plus de 40 000 illustrations  dont le texte en chinois classique est inclus dans l'image et fait connaître l'illustrateur Wu Youru.

mahua

          Tsan-tai, co-fondateur du " South China morning post " publie au Japon en effet " The Situation in the Far East ", La situation de l'Orient lointain, (1899) pour dénoncer les convoitises étrangères sur la Chine.
           Il y dessine ces pays sous la forme des animaux qui les symbolisent.
L'ours : la Russie, le Bulldog : l'Angleterre, la grenouille : la France et l'aigle pour les Usa.
          Le journal révolutionnaire " le cri du peuple " publie lui aussi des dessins ; parfois des dialogues apparaissent dans des bulles et des images se divisent même en vignettes.

le cri du peuple 1908
puck 1872
fang enfant

          La Chine vit une période de tempête : Révolution et guerre civile, le Manhua en sera partie prenante.
          En 1911, le grand empire chinois s'effondre, Pou-Yi l'enfant-empereur est renversé, la République est proclamée,
          Sun Yat-Sen, devient le président de la nouvelle République, ce leader révolutionnaire a fondé le parti Nationaliste (Guomindang)  mais les luttes de pouvoirs rendent la situation confuse, ainsi le conflit éclate entre Nationalistes et Communistes.

war and flower  wang zikai

War and flower - Feng Zikai

Feng-Zikai

         L'artiste Feng Zi-Kai, (1898-1975)  a 22 ans, il veut étudier le dessin, mais aussi découvrir la peinture occidentale, il séjourne donc au Japon où cela est possible.
         Il va y construire son style particulier, mélange d'Orient et d'Occident, il publie ses premières collections de dessins, sous le titre de " Feng Zikai Manhua Quanji ".
         Le mot " Manhua " utilise les mêmes idéogrammes que le mot japonais manga qui est, ici, prononcé à la chinoise.
Le sens du mot évolue et sera largement utilisé pour désigner les dessins de presses.

mr wang

         Les dessinateurs s'organisent et créent la Société de bandes dessinées (Manhua Hui) en 1927.
         Le premier magazine de dessins humoristiques " Shangai Manhua " parait  en 1928, il compte huit pages, dont 4 pages de manhua.
         On peut y découvrir des artistes tel que Zhang Guang-Yu, Huang Wen-Nong.
Il ouvre la voie en 1929 avec La première série,inspiré par des BD occidentales " Mr Wang " .

Shangai manhua 1928
les trois royaumes2

         L'éditeur Shijie Shuju (" les éditions du Monde " Shangaï), publient cinq séries de fascicules entre 1921 et 1929, tirées des plus célèbres romans populaires et illustrés par les auteurs connus Liu Boliang, Li Shuqi et Zhu Zhixuan.
         Il leur donne le nom de Lianhuan tuhua (images qui s'enchaînent les une aux autres)
Jusqu'ici on parlait de " Xiaorenshu " livre pour enfants dans le nord ou " gongzaishu  " dans le sud.
Facile à comprendre, elles ont un grand succès dans les classes populaires où règne l'illetrisme.
          C'est le lianhuanhua « images enchaînées », (prononcez " lian'rhouan'rhoua ") ou lianhuan tuhuashu.

          Au même titre que les BD sur d'autres fronts à travers le monde, le lianhuanhua est utilisé comme outil de propagande.
          Ainsi en 1926-28 le Guomindang mène l'" Expédition du nord ".
Afin d'unifier la République de Chine, il doit soumettre les différents " seigneurs de la guerre " qui veulent se construire de petits fiefs.
          Des journalistes et des artistes engagés y participent et les bd-tracts sont distribués à la population.

          Dans les années 20-30  les lianhuanhua  se développent  à Shanghai, dans de véritables ateliers où des maîtres assistés par des apprentis travaillent à de nombreuses publications dont les tirages sont importants.
          Ce sont des petits volumes à l'italienne, " qui tiennent dans la paume de la main "
La taille qu'il faut pour entrer dans la poche poitrine d'une chemise de travail.
Mais qui ne permet qu'une case par page.
          Une présentation classique avec un dessin et un texte au-dessous, comme on en connait également ailleurs.

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         Peu couteux, ils sont vendus jusque sur les trottoirs et tout le monde en lit.
         Il est même possible de les louer pour quelques centimes à l'heure ou à la journée.
Si certains les méprisent, le grand écrivain Lu Xun, (1881-1936) et d'autres intellectuels y voient une possibilité d'intéresser les enfants et les illettrés, en leur facilitant l'accès à la culture.
         Il défend la BD en affirmant que les lianhuanhua pourraient bien révéler des chefs-d’œuvre aussi importants pour leur époque que ceux de Léonard de Vinci ou Michel Ange.

         Mao Dun, (1896-1981)  grand écrivain et créateur de la Société de recherches littéraires ajoute " ...Sans en avoir l'air, ces bibliothèques ambulantes sont devenues extrêmement populaires et l'instrument le plus puissant, le plus répandu d'éducation des masses. "         
Les lianhuanhua  se développent fortement dans les années 30.

San Mao et le soldat

 En 1935 on peut découvrir "San Mao" ( "Trois Poils") de  Zhang Leping, orphelin débrouillard des rues de Shanghai, l'histoire devient très populaire et la série durera.

San Mao2

         Mais les diverses luttes de pouvoir continuent et le Guomindang introduit la censure qui fait exploser en vol la BD politique.
         Là-dessus les Japonais qui manquent de ressources naturelles et convoitent celles de la Chine, s'emparent d'une partie du pays, la Mandchourie, en 1931.
Ils la nomme " Mandchoukouo " et y installent au pouvoir et à leur merci  Pou-Yi, le jeune empereur destitué en 1911,
         En 1937 la guerre s'étend et les Japonais occupent Shangaï, le temps n'est plus à la bd, les éditeurs ont déménagés, des artistes ont désertés la ville, certains se réfugient à Canton ou à Hong-Kong.

         D'autres mettent leur talent au service du pays.
Ainsi, Ye Qianyu et Zhang Leping fondent une équipe de dessinateurs qui accompagnent les troupes chinoises dans leur repli vers le centre du pays
          Le gouvernement nationaliste de Tchang Kaï-Chek déplace sa capitale loin à l'intérieur des terres : Chongqing
          La malheureuse cité est soumise à des bombardements intensifs (elle en subit plus de 5000 et porte même le titre peu enviable de ville la plus bombardée de la guerre,).
Ses spécificités : un climat particulier (brouillard) et une topographie spéciale (collines  escarpées), lui épargnent l'invasion des troupes impériales japonaises.

         L'équipe de dessinateurs organisent des expositions itinérantes, où grâce aux bandes dessinées militantes, caricatures  et  affiches, ils diffusent informations et conseils de défense passive.
La politique n'est jamais loin, ses sympathies pour les communistes provoquent la méfiance du Guomindang qui cesse de la soutenir en 1940.
         Mais ses membres et bien d'autres, continuent le combat, avec leurs crayons, contre les Japonais bien sur, mais ils n'épargnent pas le gouvernement chinois, malgré la censure, quand ils le jugent utile.

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         Dans cette situation de guérilla, ils doivent souvent travailler avec des moyens de fortune et réutilisent l'antique technique de la gravure sur bois.
         Ceux qui rejoignent les zones contrôlées par les combattants communistes, participent à la politisation des populations paysannes et forment des jeunes graphistes.
Les dirigeants communistes ont bien compris l'apport des lianhuanhua.
Ils en intensifient la publication et la diffusion parmi les paysans et les soldats, en comptant sur un réseau : les librairies " Chine nouvelle ". (Xinhua shudian)
         En 1942 Mao Zedong lui-même déclare que l'art ne peut se détacher de la politique et que les artistes doivent oeuvrer pour l'éducation du peuple.
Leur tâche est d'exposer " les forces obscures nuisant aux masses populaires et  exalter leurs luttes révolutionnaires. "

bois gravé

Parmi les parutions réalisées dans ces difficiles conditions de guerre se détachent  deux récits tirés d'événements réels.
             " Le temple du Bouddha de fer " (Tie Fu si - 1943)  de Pu Mo, Meng Lü et Jun Ya.
Un riche propriétaire foncier et chef des gangsters locaux, Desheng Wang fait semblant d'aider la guérilla communiste mais il joue double jeux.
Il pille les paysans du coin et ira jusqu'à commettre deux meurtres avant d'être découvert et arrêté.
Les deux méchants de l'histoire sont des " riches " proches des Nationalistes, un stéréotype qui durera jusqu'aux changements de stratégie économique à la fin des années 70 (et dure encore ailleurs).

 

          " Cinq héros de la montagne Lyngya " (Langya Shan Wu Zhuang Shi -1945) de Shan Hua et Han Yan est une histoire de bravoure et de sacrifice.
           Cinq soldats de la " huitième armée de route " se battent contre les Japonais pour permettre la retraite leur unité .
Puis sautent dans le vide pour ne pas être capturés vivants, deux soldats survivront à ce saut mortel. (L'histoire reprise dans les manuels scolaires exaltera des générations d'enfants).

Cinq héros de la montagne Lyngya

1945 le Japon est vaincu et la guerre civile recommence.

Les Nationalistes de Tchang Kaï-Chek, battus à leur tour, se réfugient dans l'île de Taïwan (ancienne Formose), d'où ils espèrent reconquérir la Chine, espoir déçu.
Le grand pays se retrouve ainsi divisée en trois.

                                                       - La République populaire de Chine, (Pékin)

                                                       - La République de Chine (Taïwan).

                                                       - La colonie britannique de Hong Kong.

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