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HONG-KONG

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         On peut être surpris mais Hong-Kong est le troisième marché mondial de la BD, le manhua s'y développe avec un beau dynamisme.

1842 - L'île de Hong-Kong devient une colonie de la Couronne Britannique après l'un des traités inégaux : le traité de Nankin.
En 1898 les Anglais obtiennent un bail de 99 ans pour s'étendre sur  " les nouveaux territoires ".
         Le " Punch china " déclinaison chinoise du Punch britannique publié à Hong kong y introduit les dessins satiriques et humoristiques.

china punch 2
Journal current pictorial 1

          Hong kong est une colonie britannique, donc indépendante du gouvernement chinois.
 
           Paradoxalement, elle sert de refuge à de nombreux révolutionnaires.
Ceux qui combattent la dynastie mandchoue des Qin y trouvent une certaine liberté pour leurs dessins politiques.
           La Colonie est ainsi la base arrière des révolutionnaires jusqu'en 1911.

           " The Journal of Current  Pictorial " de Chine continentale doit s'y réfugier  pour échapper à la censure.
            Mais quand il publie un dessin des personnages de hauts rangs avec la tête coupée, le gouvernement chinois fait pression sur les Anglais qui cèdent et font arrêter l'impression et la distribution du journal.

          La révolution chinoise de 1911 et Les changements politiques ne mettent pas fin aux ennuis des journalistes.

Les créateurs du " The Journal of Current  Pictorial " s'attaquent au nouveau gouvernement et  dénoncent les luttes internes du guomindang  dans leur nouvelle publication " The True Record ".
          Ils doivent se réfugier à Hong-Kong en 1913.

          Les lianhuanhua eux sont importés de Shangaï, vendus dans la rue, achetés ou loués dans des petits kiosques de location.
Mais l'orage gronde à nouveau sur la Chine.
         1939 - Le Japon tente de s'emparer du pays et en occupe une partie, les dessinateurs se réfugient de nouveau à Hong-Kong pour y sauvegarder l'industrie du manhua.
          Les artistes  publient des manhuas pacifistes et Ye Qian-Yu organise  " the modern chinese cartoonist exhibition " en 1939, hélas la réalité se rapelle à eux, les Japonais occupent Hong-Kong à son tour, les manhuas ne peuvent plus paraître.

chine

          1945, la guerre mondiale est finie et la vie doit continuer, les lecteurs à la recherche de distraction se détournent des manhua politiques, les nouvelles histoires s'inspirent de leur quotidien.

          La guerre civile continue en Chine et les manhuas politiques participent à leur manière à la lutte entre Communistes et Nationalistes.
Comme " this is a cartoon Era " publié en 1949 par les antinationalistes du  " manhua artists group Renjian Huahui ", dont certains ont été " épuré " par le Guo-min-gand.

          La guerre civile s'achève enfin et certains retournent dans la nouvelle " République populaire de Chine ".

le paradi 2

        Hong-kong revient à une vie normale et les strips en quatres cases retrouvent leur place.
C'est à l'époque et pour un bon bout de temps encore le principale format de publication des bandes qui s'intéressent plus à la vie quotidienne.

         Jusqu'à la seconde guerre mondiale, de nombreuses BD venaient de Chine continentale et influençaient les dessinateurs locaux.
Comme pour Taïwan, la prise de pouvoir par les communistes puis plus tard  le " Grand bond en avant "  va secouer les choses
.

          En effet de nombreux Chinois préfèrent émigrer, Hong-Kong voit sa population augmenter.
 
          Des ouvriers qualifiés, des artistes talentueux, des entrepreneurs audacieux, une main d'oeuvre capable mais également des capitaux et des compétences qui vont aider à la croissance du pays. l'économie progresse.
           Et comme dans de nombreux pays de l'après guerre, Hong kong bénéficie d'un baby-boom, une  future nouvelle clientèle pour le manhua.

          Le niveau de vie s'améliore, la demande de bien culturel et donc également de BD augmente.

          Les manhua se lisent surtout dans les journaux.
 
Yuan Bou-wan's Kiddy cheung, Miss Lau and Wong Chai qui mettent en scène le petit peuple a beaucoup de succès, plus tard ces bandes seront réunies en album.
          C'est entre la moitié des années 50 et celle des années 60 qu'a lieu le premier boum BD.

La route du lianhuanhua est coupée, des artistes d'expérience et de talents sont maintenant installés à Hong Kong.

          Là où la Chine populaire voit un moyen d'éducation et de propagande, les dessinateurs Hong-Kongais devinent un marché intéressant, ils peuvent produire et commercialiser des mangas distrayants. 
          Le marché des Chinois d'outre-mer s'offre à eux, ainsi que partout où se trouvent des sinisants comme en Asie du sud-est ou même aux USA.

          Les auteurs tentent de trouver leur style entre les Lianhuanhua et les Bd d'Europe ou d'Amérique.
Ils subissent l'influence des comics même si ceux là ne sont pas répandus  dans la population par leurs prix élevés et les différences culturelles évidentes.

         En 1956  " Cartoons World " est le  magazine pour adultes le plus connu, il publie " Uncle Choï " de Hui Guan-man, très populaire de 1958 à mi-1970.
         Cette série tragi-comique raconte l'histoire d'un vieil homme pendant l'invasion japonaise, la BD intègre des éléments des comics, comme des cases plus nombreuses, des scénarios plus élaborés et des personnages plus fouillés.
          La situation des manhua n'est pas facile, ils subissent de plein fouet la concurrence des bandes dessinées japonaises piratées et vendues en album au bas prix de 10 cents.
Certains n'ont pas attendu l'invention d'internet pour piétiner la propriété intellectuelle.

uncle choi

          Le journal " Caricature Weekly " teste un format plus grand que celui des tabloïds.
 
Il fait partie des journaux vendu 10 cens  appelés " Penny paper " qu'on pourrait traduire par " Journaux à trois sous ".
Son prix bas permet un si grand succès qu'il devient quotidien, la recette est rapidement copiée.

          Les titres se multiplient :
" Entertainment news, New comics weekly, Epoch comics weekly, Daily comics, The cartoon and comic gardens, Radar Pictorial and companion comics "  le format tabloïd durera jusqu'à la fin des années 60.

         Ces magazines sont populaires grâce à leurs prix bas.

Inspiré par les comics américains, l'auteur  Ho Yat-Kwan crée une brochette de super-héros comme Flying Black Batman, Clean-Face Conqueror, Atomic Seven qui paraissent dans des fascicules hebdomadaires de 24 à 32 pages.

Le baby boum amène une nouvelle clientèle : les enfants ;
" Children's Paradise " (1953-1995 édité par Law Guan-Tsiu) qui deviendra célèbre au-delà de Hong-Kong, ou " Little friends pictorial " (1959).

           little angeli (crée par les frères Bao) s'inspire des personnages de comics comme Lil Abner, Popeye ou de Disney comme Mickey et Donald, mais les petits personnages aux formes rondes évoluent dans un décor et sur des scénario chinois.

          1962,  un journal local commence la publication " d'Old Master Q ", de courts gags loufoques sur la vie de Hong-kong, la série obtient son propre magazine en 1964 et l'auteur Alfonso Wong sa consécration.
          La série continue de nos jours, poursuivie par Wong Chak Jr. (Joseph Wong) un des fils d'Alfonso qui travaille pour les enfants des anciens lecteurs de son père.

Old master Q
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1966 - Lee Wai-Chun puise l'inspiration dans des  magazines de mode comme " Mademoiselle " elle réalise Miss 13 Dots pour un lectorat féminin avec une image moderne de jeunes filles actives.
 
        Les mangas font leur entrée en force, à nouveau sous forme de traductions pirates, à prix cassés dans les années 70.
Doraemon, Astro boy, Princess knight, Phoenix sont totalement redessinés par des artistes locaux et bien sûr sans mention des auteurs originaux.

        Le style graphique et narratif des mangas influence les auteurs et s'impose de plus en plus au point de supplanter la culture graphique chinoise.

          1967 le lancement de la chaîne TVB accélère l'entrée de la télévision dans les foyers.
Elle ouvre une fenètre sur le monde en diffusant programmes, films, dessins animés occidentaux ou japonais,
          Comme partout, elle se montre un concurrent sérieux mais également une source d'inspiration, les auteurs en profitent pour y puiser de nouveaux thèmes et de nouvelles idées.

petites crapules

          La télévision, mais aussi le cinéma.

Bruce Lee triomphe, les films d'art martiaux enflamment la planète et ne vont pas laisser les Hong-Kongais indifférents.

          Les mahnuas s'emparent du phénomène Kung-Fu, Wong Yuk-Long publie une série " Siuiauman " (Little Rascal, Petites crapules) qui s'inspire des films d'action.
Des jeunes voyous de Hong-kong, Wong Siu-Fu et de son frère aîné, Wong Siu-lung luttent contre gangsters et criminels  dans un quartier difficile.
          Des histoires d'une grande violence avec sang qui gicle, viscères répandues et fraternité.

           Les tirages monteront jusqu'120 000 ex.

petits-voyous
Chinese-Hero

        Les lecteurs adorent.
Le gouvernement beaucoup moins, en 1975 il promulgue une loi sur les " publications indécentes ".
         Wong Yuk-long modifie sa BD, il change le titre qui devient " Dragon and Tiger Heroes " (Oriental Heroes pour la version anglophone), déplace l'action au Japon et joue moins sur le réalisme.   

         Malgré les changements apportés au fil des années elle dure toujours.

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          Les auteurs trouvent une parade, les hebdomadaires de BD qui dépendent du régime de la presse ne sont pas concernés par l'ordonnance.
Seung-Gun Siu-Bo lance " Joyfull Weekly ", et Wong Yuk-long  republie Dragon and Tiger Heroes dans " Sang Po ".
 
           Les publications passent de 32 pages à 16 pages couleurs et paraissent chaque semaine.

Le niveau de vie augmente, la demande de loisir aussi.
Le marché de la BD se développe rapidement, il faut suivre la demande.

          Le manhua devient une véritable industrie avec production de masse, travail à la chaîne, division du travail et risque de standardisation.

          Wong Yuk-Long (Tony Wong) artiste et acteur se lance dans l'édition.
Il crée " Jademan comics " en 1971, qu'il développe en bon businessman, organisation maîtrisée de la production, rachat des concurrents..etc.
           Il en fait un véritable empire coté en bourse.
 
Il devient " Le parrain de la BD de Hongkong " celui dont un spécialiste de la Bd asiatique affirme qu'il a « presque à lui seul façonnée la BD contemporaine».

DrunkenFist

          Les années 80 sont considérées par certains comme l'âge d'or du manhua de Hong-Kong.

1980,  la série " Chinese Hero " de Ma Wing-shing est un supplément du titre " Druken Master " de Wong Yuk-long, il devient un périodique autonome qui s'envole jusqu'à 200 000 exemplaires en plein succès.
Le titre devient une série culte qui raconte la vengeance de Wah Ying-hung grâce aux arts martiaux.
 
          1992 Teddy Boy de Lun Yu-kwok and Man Kam-hung est le premier manhua qui se situe dans la mafia chinoise : les triades.

Teddy boy

          Il raconte l'ascension et la chute de cinq amis dans le milieu du gangstérisme. (il sera adapté au cinéma sous le titre " Young and Dangerous ")
Certains lui reprochent de glorifier la pègre, sa violence pousse l'éditeur à le vendre sous film plastique et réserver sa lecture au plus de 18 ans.
          Comme pour d'autre du même type,  "Teddy Boy 1/2", "Portland Street" et "Red Light District".

storm riders

         Grace au succès de " Chenese Hero ",  Ma Wing-Shing peut créer sa propre maison d'édition, Jonesky Limited en 1989.
Les droits de ses personnages restant à son ancien éditeur, il doit en créer de nouveaux.

Il lance donc " Fung Wan " (Vent et nuage) quête de la maîtrise des arts martiaux sous la dynastie des Ming.
La série a été adaptée à de nombreuses reprises, parmi elles, le célèbre " The Storm rider ".

          Jonesky limited publie des auteurs locaux, mais aussi des traductions de manga comme Sailor Moon, one piece ou Cardcaptor Sakura.

          Puis c'est au tour des manhua érotiques de subir les foudres de la censure,  avant de se retrouver également sous plastique, dès 1995.

          1993 - Alice Mak et Brian Tse donnent vie à  " McMug and McDull "
           Une famille de porcelets au graphisme enfantin, mais dont les histoires abordent, l'air de rien, les problèmes sociaux comme le chômage, la pauvreté et la mort.
La série a été adaptée en dessin animé et donné lieu à de nombreux produits dérivés.

Mc Mug cochon
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lee chi chin

1992 - " Feel 100 % " de Lau Wan-kit est une comédie romantique qui a également connu des adaptations cinématographiques.

1995 -  Dans " les tactiques de Tzu " Lee Chi-Ching Sun raconte la vie du célèbre stratège militaire Sun Tzu.

La série a gagné le premier International Manga Award du Japon en 2007.
2001 -  Dans " The Ravages of Time " inspirée des trois royaumes Chan Mou a choisi de raconter l'histoire d'un personnage secondaire de cette oeuvre

ravage 2

          Mais la concurrence des mangas est rude, les éditeurs japonais sont bien implantés et le nombre de traductions augmentent.

          Si le manhua typique est un hebdomadaire en couleur de 32-48 pages, les auteurs commencent à adopter le format mensuel des mangas : 200 pages en noir et blanc.
 
          La culture manga se répend, avec ses manga-cafés, ses cosplays et ses doujinshi.

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          Rien n'est perdu pour l'art, à côté d'un manhua industriel et commercial se développe une BD indépendante, grâce à des artistes qui préfèrent la liberté de développer un style et une écriture personnelle, et grâce à des subventions gouvernementales.
 
En 1995, Lai tat tat wing publie à compte d'auteur Man-man chu, Dak-dak gao.
 
Craig Au Yeung, un des deux fondateurs du collectif de bandes dessinées Cockroach, sort " Three Times Seven Equals Twenty-One "en supprimant la division de la page en cases et les phylactères.
 
          Lily Lau publie en 1998 son recueil " Mom's Drawer Is at the Bottom " où elle critique  des inégalités touchant les femmes et les relations avec les hommes.
          On peut signaler également : Fake Forensic Science de Siuhak et Biu Tung Wa Jap de Yeung Hok-Tak.

         Les nouveaux territoires étaient loués à bail pendant 99 ans, les gouvernements britannique et chinois commencent à en parler 15 ans avant la date limite.

          Les Anglais espèrent un arrangement.
Mais les Chinois exigent la rétrocession de la totalité de Hong-Kong.
Ils promettent de ne pas brusquer les choses et proposent : " un pays, deux systèmes ".

         Les Hongkongais se méfient et les évènements de la place Tien-an-men ne les rassurent pas.

          La BD se fait l'écho de leur interrogation, de leur histoire et de leur personnalité.

" City of Powder — Disapearing Hong Kong " de Stella So
" How Blue Was My Valley " de Yeung Hok-tak.

          Même si la " réunification du marché " peut s'avérer avantageuse, l'autocensure risque de pointer le bout de son nez.

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           Comme partout et sans doute pour les mêmes raisons, la bande dessinée voit son marché se réduire, (20 % de baisse des ventes), beaucoup accusent le piratage et les nombreux sites illégaux même si on peut se poser la question de la qualité et de l'originalité.

         Les éditeurs commencent donc à se lancer à la conquête du monde,
Singapour et Taïwan sont leurs deux principaux clients, mais aussi le Viêt Nam, l'Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande, la Corée du Sud et même la Chine continentale.
 
          Des tentatives pour faire découvrir le manhua aux USA et en France se heurtent à une riche tradition nationale et à l'implantation du manga qui ne laisse guère de place pour de nouveaux venus.

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